En 1991, pour contrer le fléau du sida, Federico Mayor, Directeur général de l’UNESCO, organisa une rencontre d’hommes et de femmes de science, de culture, leaders de différentes religions, pour lancer un Appel à la mobilisation et à la solidarité mondiale.
C’était l’Appel de Venise. Luc Montagnier était parmi eux. A l’issue de cette rencontre, Federico Mayor et Luc Montagnier avaient concordé de créer une fondation mondiale sous l’égide de l’UNESCO. Je fus chargé de réaliser ce projet.
Ainsi, en 1993, fut créée sous la présidence de Luc Montagnier, la Fondation Mondiale Recherche et Prévention SIDA, Federico Mayor en étant le co-fondateur.
Je me souviens,
que l’année d’après fut organisé par la fondation le premier Sidaction qui suscita, grâce à la force de mobilisation de Luc Montagnier, un élan de solidarité jamais égalé par les Sidaction des années suivantes.
Les fonds ainsi récoltés ont permis de financer un Centre de recherches sur le sida auprès de l’hôpital Saint Joseph à Paris, et aider plusieurs associations françaises de lutte contre le sida, réunies sous «Ensemble contre le sida».
Je me souviens,
qu’un grand nombre d’artistes de prestige ont contribué avec générosité au financement de la Fondation. Parmi eux, Pavarotti, Rostropovitch, Montserrat Caballé et tant d’autres.
Je me souviens,
du grand concert donnée dans la cathédrale de Chartres par James Bowman, de festivals organisés à Evian, Montreux, Bordeaux ; du premier Live Aids organisé en Italie, des concerts annuels donnés par l’orchestre philharmonique de Monte Carlo dans la Cour d’honneur du Palais princier.
Avec ces ressources, deux Centres de Prévention et Recherche sur le sida ont été créés en Afrique, à Abidjan en Côte d’Ivoire et à Yaoundé, au Cameroun, sous la direction attentive de Luc Montagnier et l’aide de l’UNESCO. Ces centres ont permis de suivre des milliers de patients et d’organiser de vastes campagnes de prévention en Afrique.
Je me souviens,
que Luc Montagnier donnait lui-même des cours de prévention aux enseignants et même aux écoliers.
Je me souviens,
de rencontres de Luc Montagnier avec les étudiants de médecine des universités d’Abidjan, de Yaoundé, de Rome, du Queen’s College de New York, enthousiastes de le rencontrer.
Je me souviens,
des dizaines de médecins et chercheurs africains qui ont été formés grâce aux accords de la Fondation avec l’Université de Tor Vergata de Rome.
Nombre d’autres pays africains ont bénéficié de l’expérience et de l’expertise de ces deux centres et de la coopération de Luc Montagnier. En même temps, les gouvernements de différentes régions du monde demandaient assistance à Luc Montagnier et à la Fondation pour programmer leurs plans nationaux de lutte contre le sida.
Ainsi, plusieurs missions consultatives ont été organisées en Argentine, en Uruguay, au Panama, en Honduras, au Japon, en Thaïlande, en Afrique du sud, en Ouganda, à Cuba, en Libye.
Je me souviens,
de rencontres mémorables de Luc Montagnier avec Nelson Mandela, Fidel Castro, l’empereur du Japon, qui était lui-même un scientifique.
Je me souviens,
de Luc Montagnier appelant à la solidarité les leaders de l’économie mondiale au World Economic Forum de Davos.
Je me souviens,
d’un entretien privé historique avec le Pape Jean-Paul II sur la lutte contre le sida en Afrique.
Je me souviens, enfin,
de sa défense passionnée des infirmières bulgares et du médecin palestinien injustement accusés en Libye et qu’il a sauvés d’une condamnation à mort.
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Puis, à partir de 2016, Luc Montagnier se tourna vers d’autres domaines de recherche. La coopération avec l’UNESCO cessa et la Fondation arrêta graduellement ses activités.
Mais pendant 23 ans, la Fondation présidée par Luc Montagnier et grâce à la coopération de Federico Mayor, a contribué de manière significative à la lutte contre le sida dans le monde. Les deux Centres africains sont indépendants et poursuivent leurs activités en coopérant avec d’autres pays africains sur le sida et les nouvelles maladies émergentes.
Le passage de Luc Montagnier restera gravé dans nos mémoires et dans l’histoire de la médecine
Qu’il repose en paix.
M. Federico Mayor et Me Olivier Brunisholz, avocat de la Fondation, m’ont chargé de présenter leurs hommages et condoléances à sa famille.
M. Pierluigi VAGLIANI,
Ancien Directeur de la Jeunesse de l’UNESCO,
Ancien Secrétaire général de la Fondation Mondiale Recherche et Prévention SIDA,
Ancien Directeur de la Jeunesse de l’UNESCO,
Ancien Secrétaire général de la Fondation Mondiale Recherche et Prévention SIDA.