Honorable assistance,
En lançant la Fondation qui porte son nom, dans le sillage de son prix Nobel amplement mérité, le Prof. Montagnier, a, sans doute, songé au jour où il aurait à tirer sa révérence. Ce jour funeste pour sa famille, mais aussi pour la communauté scientifique qui est sa seconde famille, appelée à suivre le sillon qu’il a tracé.
Un sillon irrigué par la culture du doute scientifique. Il assumait pleinement la controverse, qui n’était pas pour lui un but en soi, mais le moyen de faire jaillir la lumière, au milieu des dogmes certes plus confortables, mais stérilisants.
La solitude qui accompagne cette posture inconfortable est cependant à relativiser, car il savait qu’elle était partagée par un grand nombre de ses confrères et sympathisants, qui ont tenu à lui apporter leur soutien, par leurs écrits ou par leur présence dans cette salle.
En me confiant la responsabilité de créer et de gérer cette Fondation, pour faire connaître ses travaux et perpétuer son nom, il m’a fait un immense honneur que je porte comme une lourde charge.
Cette Fondation à laquelle les autorités suisses ont accordé le statut d’utilité publique appartient moralement à la famille Montagnier et à sa famille scientifique. Il leur appartient désormais de l’investir afin de poursuivre son œuvre.
Je ne vous cacherai pas les innombrables difficultés qu’elle a dû surmonter depuis sa création. Elle a fonctionné jusqu’ici grâce aux dons d’âmes généreuses, mais cela ne suffit pas, hélas, pour financer les travaux de recherche menés au sein de son laboratoire.
Le Prof. Montagnier en était convaincu, qui s’est dépensé sans compter pour trouver des partenaires financiers et scientifiques intéressés à la mise au point d’une médecine préventive. Cette médecine passait pour lui par la mise au point de tests de diagnostic permettant de prévenir l’apparition des maladies, notamment neurodégénératives, et de pouvoir les traiter à leur stade précoce.
Je sais que le moment présent est celui du recueillement et des hommages, mais le meilleur hommage que je peux lui rendre personnellement est de vous dire que son vœu le plus cher était d’assurer la pérennité de sa Fondation.
Paix à son âme, et toutes mes condoléances à son épouse Dorothée et à ses enfants Anne-Marie, Francine et Jean-Luc.
Ali Benouari
Président de la Fondation Luc Montagnier